mardi 27 janvier 2015

[Interview] Oliver Castle

mardi 27 janvier 2015

Oliver Castle



Pour commencer, une petite présentation s'impose... 
Oliver Castle. C’est mon habile nom de plume pour dissimuler ma véritable identité à ceux qui n’ont pas le courage de faire quelques recherches sur internet. J’écris depuis bientôt 10 ans, si je fais le calcul.

Comme à peu près tout le monde qui se lance dans ce genre d’entreprise, j’ai commencé par des petites nouvelles et un gros roman d’un million de caractères, premier volume d’une série qui ne verra peut-être jamais le jour. Et comme à peu près tout le monde aussi, j’ai commencé par écrire des histoires qui me correspondaient ou correspondaient à ce que j’avais l’habitude de lire : de la science-fiction. Considérant l’actuel marché de la science-fiction francophone, je pense pouvoir affirmer que je ne me suis pas lancé dans cette aventure pour la gloire, l’argent et les filles faciles… Ceci dit, comme je n’ai rien contre la gloire, l’argent et les filles faciles, je me suis récemment surpris à écrire de la Young Adult, pour voir si ça marcherait mieux.

Le premier livre que j’ai publié est une anticipation sur fond d’écologie et de rock ‘n’ roll intitulée Sol Sunburst. J’ai choisi l’édition indépendante via Amazon/Kobo parce que, comme je le disais plus haut, le marché SF francophone tire un peu la gueule et ne laisse quasiment aucune opportunité à celui qui n’écrit que ça. Et puis, c’était une expérience que je voulais tenter : avoir « mon » livre et rester maître du processus créatif jusqu’au bout. Pour cela, je me suis créé mon « label » : Electrik Punk Books (www.electrikpunkbooks.com). L’avenir dira de quoi il est fait en temps et en heure ; mais pour l’instant, Electrik Punk Books se consacre à la science-fiction, la mienne.

Dans la vraie vie, je suis Game Designer pour le jeu vidéo.

Dans ma vie rêvée, j’aurais voulu eu être une rockstar.

Que représente l'écriture pour vous ?
Difficile de répondre à cette question autrement qu’en versant dans le cliché… « J’ai toujours eu un esprit créatif et des milliers d’histoires dans la tête. Blablabla… » Depuis que je n’ai plus l’occasion de les mettre en scène avec des Lego ou des figurines Dragon Ball Z, il fallait bien trouver un moyen de leur donner vie.

Je ne vais pas non plus sortir le couplet « c’est quelque chose de vital, je ne peux pas vivre sans ». Essentiellement parce que j’ai vécu des années sans ! Et je ne m’en portais pas plus mal : j’avais du temps pour faire autre chose, je ne pinaillais pas 3 jours sur des virgules, je ne passais pas des heures à ressasser des dialogues ou des scènes dans ma tête en lieu et place de dormir…

C’est un processus qui s’est fait naturellement au fil des années jusqu’à atteindre le point où, imbibé du sucre d’une bouteille de jus de pêche, je me suis posé devant un Word et j’ai commencé à raconter des trucs. À l’origine, je crois que ça relevait plus d’un défi type « je peux le faire » (avec comme référence Frank Herbert… comme quoi les débutants n’ont vraiment peur de rien !). Et puis au fur et à mesure, cette activité prend de plus en plus de place quotidiennement et ça devient une composante intégrante de votre vie, comme le sport peut l’être pour d’autres.

Finalement, je crois que ce qui m’intéresse le plus dans l’écriture – en dehors de l’élaboration des dialogues – c’est tout le processus intellectuel propre à la construction de l’histoire et des personnages. Ou comment soigner les détails tout en peignant une fresque sur un plafond et en construisant soi-même l’échafaudage à partir d’allumettes. C’est pour ça que je passe beaucoup de temps à l’élaboration d’un roman, je n’ai pas envie qu’on me taxe d’aller à la facilité ou de faire des histoires sans intérêt.

Êtes-vous un oiseau de nuit ? Ou écrivez-vous plutôt en journée ? Avez-vous un petit rituel avant de vous lancer dans l'écriture ?
J'ai parfaitement conscience que pour bien écrire, il faut écrire régulièrement, à heures plutôt fixes et cela même si on n'a pas envie, pas l'inspiration, pas le temps, pas l'énergie. Dans la pratique, il faut bien se rendre compte que ça devient vite n’importe quoi. Déjà, l’heure à laquelle je me lève est hautement aléatoire et dépend de la qualité de ma nuit précédente. Donc, rien qu’avec cette donnée, le concept d’horaires fixes est devenu une vaste blague.

Quand j'étais encore salarié et obligé de me taper deux heures de train par jour pour aller travailler, j'avais deux heures toutes trouvées pour écrire. Quand je croulais sous le poids du malheur dans un boulot qui ne me plaisait plus qu'à moitié, j'ajoutais mes soirées pour donner un sens positif à mes journées. Depuis que je n'ai plus d'horaires me contraignant à quoi que ce soit, j'écris quand j'en ai envie :) et cela dépend surtout du moment où j'en suis dans le processus créatif. Si je suis dans la vraie phase d'écriture/relecture, je suis plutôt de l'après-midi, réservant le matin pour la promo, le blog et des trucs plus administratifs et moins rigolos. Si je suis dans toutes les autres phases, c'est un boulot à un plein temps qui ne s'arrêtent pas vraiment et au prix d'insomnies. Paradoxalement, c'est probablement cette phase où un auteur travaille le plus et celle où le reste du monde croit qu'il en rame pas une…

De la même façon que je n'ai pas de bureau ou d'espace personnel, je n'ai pas de rituel particulier pour me mettre au travail, en dehors de relire ce que j'ai écrit la veille pour me remettre dans le bain et de sélectionner la bonne musique d'ambiance.

Quelles sont vos sources d'inspiration ? 
Les sources d’inspiration dépendent en grande partie de l’ouvrage en cours. Étant particulièrement versé dans la science-fiction, mes références sont assez classiques dans le genre. Mais s’il y a bien un auteur qui transparaît plus qu’un autre dans mes livres, pas forcément dans le style mais dans les thèmes abordés, c’est bien Philip K. Dick ! La plupart de ses livres abordent des thèmes qui me parlent, notamment le rapport au réel, et on lui doit indirectement le meilleur film SF de tous les temps : Blade Runner. Bref, à chaque fois que j’écris de la SF, le spectre de PKD est derrière mon épaule.

Dans d’autres registres, je puise un peu partout suivant les besoins du livre, de l’histoire des personnages. Pour un prochain livre, j’ai à peu près tout lu sur Marilyn Monroe. Pour Atomic Girl et moi, j’ai laissé parler mon amour du comic-book américain sans chercher plus loin. Pour le roman Young Adult tout juste achevé, je suis retourné dans mes souvenirs de lycée. Pour Sol Sunburst, l’impulsion était écologique. Je planche actuellement sur un roman de fantasy et c’est Shakespeare qui accapare mon attention (sic). Pour Dolmen, c’était les maître de l’humour anglais tel que les Monty Pythons, PJ Wodehouse et Douglas Adams.

De façon plus générique, la liste de noms que je pourrais citer comme sources d’inspiration est virtuellement sans fin. Parmi ceux qui viennent en premier, citons Joss Whedon pré-Marvel, parce qu’il a créé des univers riches et toujours incompris (rendez-nous Firefly !).  John Hughes, pour son analyse de la culture adolescente dans les années 80’s et sa tripotée de films cultes. Leiji Matsumoto, pour son univers de science-fiction humaniste et philosophique, pour avoir créer le héros le plus classe de tous les temps: Albator ! Tsutomu Nihei, un autre mangaka mais à l’esprit complètement barré. Sam Lake, le responsable du scénario des jeux vidéo Max Payne 1 et 2, mais aussi le type responsable de mon envie d’allier ma passion pour l’écriture à celle des pixels animés et de mon envie de faire du jeu vidéo tout court. Neil Gaiman, parce que tout ce qu’il touche se transforme en or. Et aussi Kurt Sutter, Frank Herbert, Harold Ramis, Christopher Priest, Moore, Otomo…

En revanche, quel que soit le projet, la seule réelle tendance que je puisse revendiquer sur mes sources d’inspiration, c’est la musique ! Sol Sunburst est basé sur des chansons de David Bowie entre 69 et 74 ainsi que sur des éléments de sa vie quand il était Ziggy Stardust (les amateurs pourront chercher les références). Le roman Young Adult s’est écrit suite à l’écoute de Teenage Riot de Sonic Youth, dont j’ai emprunté le titre. Et les trois projets en cours vont – d’une façon ou d’une autre – être reliés à la musique.

Écrivez-vous en musique ? Si oui, quels genres écoutez-vous ?
La transition est toute trouvée, à croire que j’avais lu tout le questionnaire avant de m’y mettre… Et la réponse va de soi : oui ! Tout le temps ! Comme je disais la musique est un vecteur d’inspiration et m’aide à tous les niveaux du processus créatif. Même si dans les dernières phases, l’écriture/relecture, c’est essentiellement pour trouver le bon mood pour se mettre dans les scènes.

Pour le genre, j’affectionne tout particulièrement le rock et ses variations depuis la pop jusqu’au metal. Ma période de référence est indubitablement tout ce qui s’est fait dans les années 70, où l’Histoire du rock s’est écrite avec des groupes et artistes de légendes : Led Zeppelin, David Bowie, Kiss, Black Sabbath, Judas Priest, The Sweet, The Kinks, The Rolling Stones, Alice Cooper, Pink Floyd et j’en passe un quantité industrielle. J’aime bien la façon dont le genre a évolué (surtout capillairement) durant les années 80 et je pleure les années 90 qui ont signé sa mort et dont on ne retiendrait finalement que peu de groupes (Nirvana et les Smashing Pumpkins en tête).

Inutile de dire que dans tout ce qui se fait actuellement, en dehors de quelques artistes, j’ai du mal à m’y retrouver. Il n’est donc pas étonnant que mon support de prédilection soit le vinyle et que je puisse passer des heures à fouiller des heures dans les bacs… C’est une question sur laquelle je pourrais m’étendre des heures, mais je me suis donné comme objectif de boucler cette interview avant d’atterrir. C’est important les objectifs, surtout en écriture.

Quels sont vos projets à venir ?
Tous les titres ci-dessous sont provisoires, des noms de codes en attendant de trouver le titre qui claque. Sachant que, pour l’instant, 100% des noms de codes sont devenus les titres finaux…
  • Teenage Riot : une romance adolescente qui va sûrement se chercher un éditeur « classique » puisque le point final a déjà été mis. J’ai déjà posté quelques références d’écriture sur mon blog pour les plus curieux. De façon générale, j’essaie toujours de tenir informer mes lecteurs via ce blog au sujet des futures sorties ou des chantiers en cours.
  • Whole Lotta Love : une suite du précédent, actuellement dans la phase citée plus haut où on croit que j’en rame pas une.
  • Teenage Dream : une autre suite un peu indécise qui dépend de trop de facteurs pour réellement se pencher dessus…
  • Lithium Breed : un roman de SF historique, à moitié écrit et actuellement en pause car je dois faire des recherches pour le terminer au mieux.
  • Réveils : un cyberpunk noir, en cours de correction. Sauf retournement de situation, j’espère le sortir en 2015.
  • Atomic girl et moi : une nouvelle déjà publiée il y a quelques années que je compte ressortir bientôt sur Amazon/Kobo, probablement premier trimestre 2015
  • Child in Time : un roman de fantasy, lui aussi dans la phase recherche

Chat ou chien ? Thé ou café ?
Ni chat ni chien. Attention, hein, ça ne veut pas dire que je n'aime pas les bêtes à poil, à plumes ou à écailles ! Mais un animal implique des responsabilités qui m'ennuient rien que d'y penser : « Non, je ne te sortirai pas pour faire pipi, utilise les WC, comme tout le monde ! » « Non mais dis donc, tu crois peut-être que ta litière va se changer toute seule, tiens prends la pelle ? Quoi ? Non mais je me fiche que tu n'as pas de pouces opposables, débrouille-toi, c'est ton caca ! » :).
Et surtout, je suis sûr que je ne supporterai pas sa disparition, je m'attache trop ! Déjà que c'est pénible de dire au revoir à une série télé après plusieurs saisons, alors un animal…

Un thé, merci. Avec un sucre. Et si vous voulez me faire plaisir, au jasmin.

Avez-vous des passions en dehors de l'écriture ?
Plein. Sûrement trop. La première est intimement liée à mon vrai métier : les jeux vidéo. La seconde est le cinéma et son dérivé télévisuel avec les séries. La lecture, bien évidemment, avec une part non négligeable du budget consacré aux manga et aux comics en plus des romans. Je pratique aussi les soirées jeux de rôles et jeux de société quand l’occasion m’en est donnée. Je suppose que je dois également rajouter « écouter de la musique » pour être un minimum cohérent avec ce que j’ai dit précédemment. Je fais aussi un peu de course à pied, ce qui n’est rien de plus qu’une autre façon d’écouter de la musique, mais dans la douleur…

Quel est votre livre de chevet ?
Je viens de finir "Gardez le sourire, Jeeves" de P.J. Wodehouse. J’ai enchaîné sur "Armageddon Rag" de George R.R. Martin, un livre qui, curieusement, parle de musique dans les années 70. Pour le prochain, Othello, MacBeth ou le Roi Lear… Comme je disais, je vais un peu regarder Shakespeare pour mon projet fantasy !

Maintenant que nous vous connaissons un peu mieux, dites-nous tout : êtes-vous un auteur sadique ?
Je suppose que si je réponds « Non », Evy hurlera au mensonge ;).

Je ne me considère pas comme particulièrement sadique, mais j’aime indéniablement jouer avec les émotions et les certitudes du lecteur. Après, je conçois qu’on puisse trouver la façon dont je manipule l’histoire et les personnages assez frustrante, voir rageante. Je me défends en arguant que tout ce qui arrive dans mes écrits est le fruit d’une réflexion mûrie et qu’il arrive ce qui doit arriver pour le bien de l’histoire. Ça implique parfois des décisions radicales et croyez-le ou non, je suis le premier à souffrir.

L’exemple le plus parlant est la mort d’un personnage important. Pour le lecteur, ça peut surprendre et faire rager (à moins d’avoir écrit un personnage de la trempe de King Joffrey…). Pour moi, avant d’effectivement écrire la scène de mort, ce n’est qu’un concept, une étape sur ma feuille de route, un truc abstrait mais nécessaire. Et puis au moment de l’écrire, si j’en viens à regretter d’avoir pris cette décision des mois plus tôt parce que je me suis attaché au personnage notamment, je me dis que c’est la meilleure chose à faire pour l’histoire et ce personnage ! Si moi-même j’ai du mal à accepter la mort d’un personnage, qu’en sera-t-il du lecteur ? ;)

« Dura lex, sed lex », comme on dirait en toge. Je ne sais pas si c’est du sadisme, mais si c’est pour le bien de l’histoire, je ne fais pas de concession.

Une petite chose à rajouter ? Vous avez la parole !
Qui a mangé les Pépitos ?

Et pour finir, quels sont vos livres publiés ? 
A l’heure actuelle, j’ai publié exclusivement sur Amazon et Kobo. J’ai choisi de commencer cette activité par la publication de mon roman de science-fiction écolo-rock Sol Sunburst, pour moins cher d’un paquet de bonbons. J’en profite également pour souligner que j’ai pour objectif de donner une partie des bénéfices de Sol Sunburst au WWF. Une façon comme une autre d’ancrer ce livre dans la réalité et d’allier la pensée écologique du livre au geste responsable. Je n’ai pas encore eu l’occasion de rentabiliser mes frais et d’atteindre le point où je touche effectivement des sous sur Sol Sunburst, mais je ne désespère pas de faire un jour ce don au nom des lecteurs pour sauver les derniers pandas qui restent sur Terre…

J’accompagne ce dernier de deux nouvelles gratuites, Le Tabouret et la Zone, pour aider ceux qui ne me connaissent pas (donc beaucoup, beaucoup de monde) dans la découverte de mon style et de certains thèmes récurrents chez moi : la romance et le rapport au réel.

J’ai aussi ajouté à celles-ci une nouvelle inédite, Dolmen, pour un prix dérisoire. Même en achetant un paquet de Carambar, je pense que vous ne rirez pas autant qu’en compagnie de Nawell…




Un auteur, un livre, une chronique :

2169. Guerres, dérèglements climatiques et extinctions animales en série vont bientôt avoir raison d'une Terre qui se meurt, consumée par l’avidité et la négligence de l’Homme. Ultime solution pour sauver une espèce qui disparaît, introduire son génome à celui de l’homme et créer ainsi un animoïde : un être mi-homme mi-animal. Alors que le reste du monde semble déjà tourné vers la colonisation de Mars emmenée par le Major Tom, un groupe éco-terroriste animoïde – les Diamond Dogs – tente de sauver la planète de sa destruction prochaine. Sol Sunburst est un rocker dont les chansons prophétiques et son charisme font rapidement de lui un véritable Messie pour la nouvelle humanité. Il prédit l'apocalypse dans cinq ans. Trop peu pour Angela, la dernière recrue des Diamond Dogs qui s'est jurée de changer ce monde condamné...
Chronique : Sol Sunburst

1 commentaire:

  1. JE ne connaissais pas du tout cet auteur ni son label, je prends note sans hésiter :)

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